Ce qui me passe par la tête en photographiant - Publier à tout prix
Un photographe est un être humain, avec tous les défauts que l'Homme peut traîner. Parmi ceux-ci, il me semble que l'incapacité à se défaire d'une situation périlleuse lorsqu'on s'y est investi est la plus dangereuse.
Analogie avec le poker
Le problème est souvent rencontré au poker. Lorsqu'un joueur possède une bonne main de départ (une paire d'As par exemple), il lui est psychologiquement difficile de la laisser tomber, même s'il est évident qu'il va au devant de gros ennuis. L'avantage avec le poker c'est que la leçon tirée par la perte d'argent qui résulte de la situation est souvent suffisante pour que le malchanceux fasse la fameuse promesse d'ivrogne qu'on ne l'y reprendrait plus.
Vouloir récolter les fruits de son travail
En photo, je retrouve régulièrement le même comportement. Nous sommes bien d'accord que clic qui nous permet d'exporter la version finale d'une photo est une délivrance. C'est l'aboutissement d'un processus de préparation, de prise de vue, et de traitement long et fastidieux. Au cours de ce processus, le photographe aura laissé de l'argent, des neurones, de la patience, ... Et on espère un retour sur investissement, qu'il soit financier ou sous forme de reconnaissance publique.
Le problème se pose lorsque, pour des raisons qui lui sont propres et dont au final le bien fondé n'a pas d'importance, le sujet de la photographe fait valoir son droit à l'image. Il empêche alors le photographe de partager aux yeux du monde son travail, et de recevoir ce faisant un coup de baume à son ego... Après tout, il faut l'admettre, la reconnaissance est un des moteurs du photographe.
Le degré de ce qui s'en suit dépend alors de la ténacité des deux parties. Dans certains cas, une des deux parties cède rapidement et la "crise" est limitée à une relation entre deux personnes. Dans d'autres, chacun campe sur ses positions et l'escalade des menaces, des déballages publics et autres règlements de compte écornent les réputations de chacun.
Quand on met un doigt dans un engrenage, on ne perd pas nécessairement un bras
Pourtant, la solution du côté du photographe est simple en théorie, mais si frustrante en réalité : remiser la photo dans un portfolio de tirages physiques, et ne pas la publier sur la toile. La carrière d'un photographe est longue. La photo qui est aujourd'hui source du litige n'aura de toutes façons plus, dans un an, place dans le portfolio de l'artiste tant sa qualité sera faible en comparaison à ses nouvelles production.
Si vous vous faites violence au moment où la demande première du sujet de la photo en question, vous vous évitez du stress et vous conservez votre réputation (qui sait, la personne parlera peut-être de vous comme "le photographe qui sait respecter ses modèles/clients"). Quoiqu'il arrive, vous aurez gagné en expérience, et vous aurez toujours le tirage de la photo en question à portée de main dans votre portfolio papier... Parce que ça, personne ne peut vous l'enlever.
Moralité : restez zen et passez à autre chose